• CONGO-BRAZZAVILLE  : Entretien à propos de l'Oppostion congolaise.

     

     

    INTERVIEW de Jean-Claude MAYIMA-MBEMBA

    Accordée à Kimpwanza, à Paris, le 15 août 2006

     

     

    KIMPWANZA : M. Jean-Claude MAYIMA-MBEMBA, vous êtes l'un des principaux acteurs politiques congolais à l'étranger. Quels sont vos rapports personnels avec le MCDDI, étant donné que votre parti a quitté les deux plateformes de l'opposition (le CODE A et la CODESA) pour faire allégeance au pouvoir inconstitutionnel ?

     

      <script></script>

    JEAN-CLAUDE MAYIMA-MBEMBA : Je vous remercie de m'accorder cet instant et cet espace pour vous donner mon avis, mon point de vue.

     

    Vous me posez ici une double question. Je vais essayer d'y répondre en deux parties.

     

    1) - Je suis toujours membre du MCDDI et membre du Bureau Exécutif National ( B.E.N.). Je suis Secrétaire national chargé des Relations avec l'Union Européenne. Mais, voyez-vous, comme tout parti politique ouvert, le MCDDI n'est pas un parti à CERVEAU UNIQUE. Il n'a jamais été dit dans ce parti que personne n'a le droit de s'exprimer librement tant qu'on n'injurie personne. Ma prise de position de ce jour n'engage nullement le MCDDI. C'est en citoyen Congolais et ressortissant du Pool que je m'exprime, en toute liberté.

     

    2) - Le MCDDI fait toujours partie de l'opposition. Mais dans le cas d'espèce de ce parti, les raisons de son départ du Code A et de la CODESA sont simples. Le MCDDI est l'un sinon le principal parti politique qui, durant des décennies, a été voué à la mort, à la disparition totale, avec toutes les persécutions de ses membres que l'on sait. Tout a été fait pour que cela se passe ainsi. Dans l'état où il se trouve, totalement désorganisé, à dessein d'ailleurs, il lui est pour le moment pratiquement impossible de faire face aux devoirs qu'impose une opposition crédible, fiable et solide. Le principal souci du MCDDI, pour le moment, est d'abord de s'organiser, de remettre en place ses structures de base disloquées pour les raisons que tout le monde connaît. <script></script>

     

     De là à dire que le MCDDI ou son président fait allégeance au régime en place, c'est peut-être, si je puis me le permettre, un peu mettre la charrue avant les boeufs, c'est peut-être aller trop vite en besogne. Ce n'est pas parce que le MCDDI ne fait plus partie du CODE A ou de la CODESA que du coup il a basculé chez l'autre. Détrompez-vous. Le Congo a des problèmes, de très sérieux problèmes. Ce n'est ni le CODE A, ni la CODESA, tout seul, qui les résoudra. C'est la somme de toutes les énergies nationales qui en viendra à bout. Pour exemple : Le CERNON du général Ngouelondele, à ma connaissance, n'est membre ni du CODE A ni de la CODESA.

     

     Pourrons-nous nous permettre de dire que le CERNON ne compte pas dans l'opposition ? Le MCDDI, pour ma part et jusqu'à preuve du contraire, n'a pas fait allégeance au régime en place. Il peut tout au moins discuter, dialoguer avec lui pour essayer de trouver les remèdes applicables à l'état de délabrement que connaît notre pays. Comme un malafoutier qui a perdu son couteau et qui le recherche dans tous les coins et recoins, le MCDDI est donc un parti qui, comme d'autres, travaille pour cette quête de paix que le peuple congolais, dans son ensemble, souhaite vivement. C'est pourquoi je dis qu'il est certainement prématuré de spéculer là-dessus. Laissons cette idée d'allégeance aux oiseaux de mauvais augure. Laissons le temps au temps. <script></script>

     

     

    KIMPWANZA : Nous connaissons vos nombreuses prises de position sur la situation politique qui prévaut dans votre pays, la République du Congo. Aujourd'hui, l'ancien Premier ministre, M. Bernard Kolélas, président de votre parti, le MCDDI, n'est plus en exil. Pensez-vous qu'avec son retour à Brazzaville, la paix est revenue au Congo ?

     

     

    JCMM : Personne n'ignore les conditions dans lesquelles le Premier ministre Bernard Kolélas est rentré à Brazzaville. Ce retour n'est pas à l'actif volontaire des autorités de Brazzaville. Il est dû à un concours de circonstances douloureuses, même si les autorités de Brazzaville ont joué le jeu dit "humaniste". Ce qui n'est pas mauvais en soi. Quant à savoir si la paix est revenue dans le pays avec le retour à Brazzaville du premier ministre Bernard Kolélas, c'est à voir, car les cartes ne sont pas dans les mains du Premier ministre Bernard Kolélas.. Je m'explique <script></script>

     

    Je connais le Premier ministre Bernard Kolélas. Tout le monde au Congo connaît la motivation de l'homme et ce qui l'anime. Oui, son credo c'est la Paix. Mais, il faut au minimum être deux pour faire la paix. M. Bernard Kolélas, lui, tout seul, ne peut et ne pourra pas la faire si ceux d'en face ne la veulent pas. Aujourd'hui, tous les exilés sont encore à l'étranger. Tout le monde réclame l'organisation d'un CARREFOUR NATIONAL. A mon avis, le message ne semble pas être entendu.

     

     

    KIMPWANZA : A votre avis, c'est encore loin et peut-être hypothétique cette paix tant souhaitée, réclamée et attendue par tous les Congolais ?

     

    JCMM : L'opinion nationale, voire internationale, est unanime. Le pays va mal, très mal : mauvaise gouvernance, mauvaise gestion, corruption à outrance, enlèvements, tentatives d'assassinats et assassinats très subtiles soit par empoisonnement, soit par des groupes dits "incontrôlés" de type "Tonton Macoutes", etc. Dans ces conditions, je ne sais pas si la paix est revenue au Congo. Ce n'est pas parce que les armes se sont tues que la paix est là. Il y a plusieurs moyens pour continuer à faire la guerre aux populations congolaises. Ces moyens sont incolores et surtout inodores. On peut continuer de massacrer en masse par la faim, par la soif, par la privation des soins médicaux, par la privation de l'accès au SAVOIR, à la CONNAISSANCE. <script></script>

     

    Ce sont là aussi des armes de guerre très subtiles, quoi qu'on en dise. Par exemple, les écoles, les dispensaires, les centres médicaux, les églises et autres infrastructures comme les routes, les ponts bombardés entre 1997et 2004, ont-ils été réhabilités, restaurés, reconstruits ? Jamais. Alors, de quelle paix peut-on parler ? Le régime en place a-t-il la volonté politique de réparer ses fautes ? Est-il prêt et capable de s'amender ? Sans quoi, je demeurerai très sceptique sur la question. Il faut aimer ce pays pour penser à la paix. Mais l'avenir nous le dira.

     

     

    KIMPWANZA : Pourquoi êtes-vous sceptique ?

     

    JCMM : Lorsque des hommes qui disent aimer leur pays, et au grand mépris des vies humaines, importent des troupes étrangères, recrutent des mercenaires de diverses nationalités et leurs supplétifs, lesquels n'ont jamais quitté notre pays, uniquement pour reconquérir le pouvoir perdu à la régulière et ont pour seul programme que faire la chasse à leurs compatriotes qu'ils traitent de rats, d'où l'expression <script></script> "ratisser mètre carré par mètre carré" et toutes ces guerres qui s'en sont suivies, il est difficile et impensable que de tels hommes puissent aspirer à la paix. Leur seule loi, c'est la barbarie, la bestialité, la violence. Donc le crime impuni. Je pense aux Défenseurs des Droits de l'homme que sont MM. Mounzéo et Makosso auxquels on a collé la fallacieuse accusation de détournement de fonds, parce qu'ils ont commis le crime de lèse-majesté d'avoir osé interpeller les gouvernants du Congo sur la transparence des revenus pétroliers du pays. Mais, voyez-vous, le ridicule ne tue pas. Ce sont ceux qui pillent le pays de façon très éhontée qui se dressent en justiciers, alors que c'est eux qui écument les paradis fiscaux. Ce n'est pas moi qui l'ai déclaré ou avoué. Cet aveu est de M. Isidore Mvouba, le Premier ministre inconstitutionnel.

     

     

    KIMPWANZA : Expliquez-vous sur le terme inconstitutionnel. Que voulez-vous dire par là ?

     

    JCMM : C'est très clair. La constitution en vigueur aujourd'hui dans le pays n'est pas héritée d'un autre régime. Elle est bien taillée à la mesure du personnage qui l'a voulue ainsi. M. Sassou Nguesso. Dans cette constitution, il n'est prévu nulle part, la création d'un Premier ministre. En plus d'avoir violé sa propre constitution, M. Sassou Nguesso est coupable de parjure. <script></script>

     

     

    KIMPWANZA : Vous venez de dresser un tableau très sombre de votre pays. Qu'est-ce qui manque alors ?

     

    JCMM : La volonté politique. Il faut vraiment aimer ce pays pour réparer le mal qui lui a été fait. A l'instant présent, on a l'impression d'être en face des individus venus d'ailleurs, d'un autre monde, d'une autre planète. Une sorte d'extra-terrestres. Même les colons français n'ont pas fait ce qu'on est en train de faire à ce pays et à son peuple. Pour ma part, je n'attends rien de ces hommes qui disent gouverner le Congo. Cependant, une seule chose est sûre : "Un peuple longtemps brimé, longtemps martyrisé et qui n'attend plus rien de personne, finit toujours par se révolter, tôt ou tard. Ce jour là, plus rien ni personne ne pouvant le contrôler, il s'en prend d'abord à l'objet réel de ses malheurs, avant de se retourner, si nécessaire, contre ses propres leaders". Il y a donc de quoi faire très très attention. Le peuple congolais n'est pas fini, il n'est pas écrasé pour autant, contrairement à ce que pensent ou s'imaginent certains. Il vaut mieux  éviter l'hécatombe. Attendre ou laisser pourrir la situation sera dangereux pour ceux qui misent sur cette solution. <script></script>

     

     

    KIMPWANZA : Le régime de Brazzaville n'a jamais reconnu la légitimité de M. Bernard Kolélas comme Premier ministre. Qu'en dites-vous ?

     

    JCMM : D'abord c'est de l'histoire ancienne. Mais puisque vous voulez connaître mon point de vue à ce sujet, permettrez que j'en dise quelque chose.

     

    M. Bernard Kolélas avait été nommé Premier ministre par un Président de la République élu au suffrage universel. M. Sassou et son parti avaient très largement contribué à l'élection du président Lissouba, lequel tirait sa légitimité de la Constitution de 1992 adoptée par le Peuple congolais par voie référendaire. Quoi de plus normal ! M. Bernard Kolélas ne tenait pas sa légitimité de Premier ministre de la main d'un homme arrivé ou revenu au pouvoir la violence, la guerre, le crime tous azimuts. Non plus, sa légitimité ne reposait pas sur une Constitution bancale, violée par ceux qui l'on imposée à tout le pays et qui, jusqu'à ce jour dans ses dispositions, ne prévoit nulle part le poste de Premier ministre. Et pourtant il y en a bien un au Congo, un Premier ministre. Qui donc, de M. Bernard Kolelas et de l'autre a été ou est plus légitime, quand on sait que celui qui a nommé M. Isidore Mvouba, Premier ministre, a été élu (?) en 2002 avec une sommation des résultats de 100,1% de suffrages au lieu de 100% ? <script></script>

     

    C'est ici et devant un cas aussi flagrant que le président de la Cour Suprême de l'époque aurait proclamé l'invalidité du scrutin et aussi déclaré comme anticonstitutionnelle, la nomination d'un premier ministre par le même homme issu de l'usurpation, et prévu nulle part par aucun texte qui, lui-même, a été violé de façon très éhontée. Ce n'est pas le Peuple congolais qui doit en rougir de honte, ce sont plutôt ceux qui ont prêté mains fortes à cet homme, qui est en train de broyer le pays, qui devraient avoir à réfléchir sur leur choix. Bien entendu, s'ils ont encore un brin de dignité humaine, à moins qu'ils soient des requins, des rapaces, des vautours et des charognards.

    S'il vous plaît, passons à autre chose.

     

     

    KIMPWANZA : Il s'est tenu à Versailles, un Conclave organisé et présidé par l'ancien chef des Services Spéciaux du Congo, le Général Emmanuel Ngouelondele Mongo, contre son ancien patron le Général Denis Sassou Nguesso, Président de la République du Congo. Qu'en pensez-vous ?

    <script></script>

    JCMM : Vous savez, le Congo est à la croisée des chemins. Aujourd'hui, plus besoin de le rappeler, le Congo est par terre, ruiné. Tout a été saccagé, détruit, démoli dans tous les domaines. Aucun secteur de la vie active n'a été épargné. Les caisses de l'Etat sont pillées, dévalisées éhontément ; la sacralité de la vie humaine est bafouée quotidiennement. Des femmes, des hommes, des jeunes, des enfants en bas âges jusqu'au vieillards ont été violés, massacrés, sans états d'âme, par des troupes   et milices aux ordres des hommes sans foi ni loi.

     

    Longtemps, très longtemps, le peuple congolais a attendu qu'un ou des éléments issus du sérail se lèvent et disent enfin "NON, ÇA SUFFIT". Mieux vaut tard que jamais dit-on, voilà qu'un des fils du pays et pas des moindres, en dépit de ses rapports familiaux avec l'homme au pouvoir et des conséquences que tout cela impliquent, s'est levé et a dit : "NON, ÇA SUFFIT". C'est là un ACTE majeur qui ne doit pas passer inaperçu, nous laisser indifférents, et que les Congolais ne doivent pas apprécier du bout des lèvres. Car, au jour d'aujourd'hui, à moins de se masturber l'esprit, aucun homme seul, aucune région seule, aucune tribu seule, aucune ethnie seule, aucun parti politique seul, ne peut plus prétendre en finir avec le système de l'indignité nationale en place dans notre pays, SEUL, sans une coalition nationale.

    <script></script>

    Le réveil et la prise de conscience du général Ngouelondele Mongo, qui a longtemps été l'un des principaux dirigeants de la synarchie encore au pouvoir à Brazzaville, devraient interpeller tous les Congolais, indifféremment de leurs origines ethno-tribales.

     

    Pour ma part, je pense simplement que l'heure devrait être au rassemblement, à la conjugaison des forces et des énergies, indifféremment de nos familles politiques respectives, pour aller vers la REFONDATION de la Nation, de la République ; l'heure devrait être au regroupement et au rassemblement des femmes et des hommes de bonne volonté, profondément patriotes, pour mettre un terme à la barbarie et à cette folie meurtrière.

     

     

    KIMPWANZA : Récemment, il s'est aussi tenu à Paris un Colloque sur la Région du Pool. Quelle est votre appréciation de l'initiative ?

     

    <script></script> JCMM : Chez nous au Congo, particulièrement dans la région du Pool dont je suis issu, un proverbe dit : "Lorsqu'un malafoutier (récolteur de vin de palme) perd son couteau, il est obligé de le chercher dans tous les coins et recoins". Ceci dit, je ne peux qu'applaudir à cette initiative en espérant qu'elle apportera quelque chose de positif, surtout de constructif.

     

    Vous savez, il faut d'abord balayer devant sa propre porte avant d'aller chercher de l'aide et du réconfort auprès de l'autre. Comment peut-on aller s'asseoir autour d'une table avec nos autres compatriotes qui souffrent autant que nous, si nous y allons en ordre dispersé et si nous n'avons pas, auparavant, aplani nos propres contours ou divergences ?

    Cette région, le Pool, comme toutes les autres d'ailleurs, appelée, pudiquement aujourd'hui, "Département", peut-être pour mieux camoufler le caractère et les pratiques systémiques d'apartheid basés sur la discrimination et la ségrégation ethniques et tribales que lui applique un régime venu d'ailleurs et mis en place par le biais du coup d'Etat du 5 juin 1997, a toujours été et depuis bien longtemps, le théâtre et victime de bien de tribulations.

     

    C'est dire que le destin de cette région est écrit avec le sang. Mais le calvaire de la région du Pool a pris une tournure beaucoup plus dramatique à partir de 1968, année d'accession au pouvoir au Congo-Brazzaville du Conseil national de la révolution (CNR), ancêtre du Parti congolais du travail (PCT), dont les principaux dirigeants sont les actuels gouvernants du Congo. <script></script>

     

    Aussitôt parvenus au pouvoir, les complots imaginaires et les massacres humains ne se comptent plus. Avec eux, la privation des droits humains les plus élémentaires. La prédation de vies humaines dans cette région deviendra plus virulente et répétitive, et s'accélérera à partir de 1970 ; chaque fois à l'issue de coups d'Etat plus ou moins vrais, supposés ou imaginaires, mais toujours attribués aux cadres civils et militaires ressortissants de la région du Pool. En tout cas, au Congo post-indépendance, il n'y a pas une région qui voit "partir" ses enfants de façon aussi brutale, tragique et dramatique que celle du Pool. Ils sont purement et simplement suppliciés !

     

    Les guerres successives, savamment préméditées, bien calculées et très méthodiquement mûries, d'une intensité jamais connue avant 1993, à l'actif des pouvoirs par procuration établis dans le pays, ravagent cette région. Aussi, en raison de l'omerta du système PCT, ailleurs et vues de loin, ces guerres sont regardées et assimilées à des guerres civiles ou inter-ethniques. Ce qui n'en est nullement le cas, car une guerre civile ou inter-ethnique suppose l'affrontement de deux voire plusieurs ethnies ou tribus. Or dans le cas d'espèce du Congo-Brazzaville, quant à la région du Pool, c'est le pouvoir établi qui chasse sur les terres de celle-ci pour y prélever ses "gibiers". Ainsi les populations civiles, abandonnées par tous, y compris la communauté internationale, et livrées à elles-mêmes, y sont systématiquement devenues les victimes expiatoires d'un système politicien inhumain de type stalinien - avec des pratiques héritées certainement de feu Ceaucescu -, mis en place dans le pays avec l'aide de l'étranger. <script></script>

     

    Volonté délibérée d'exterminer, d'anéantir, faisant partie d'un plan concerté et mûri de longues dates ou méthode préméditée pour asseoir "son autorité" (politique ?) aux fins de l'écrasement de l'autre ? La question reste posée. Cependant, et c'est le moment de l'affirmer, il s'agit là d'une hégémonie basée sur un critère purement tribal ayant pour conséquence l'extermination totale d'un peuple et donc aussi l'annihilation de la culture kôngo. Tel est le pan de l'histoire dont les experts auront plus tard à démêler les écheveaux.

     

    Dans Barbarie et folie meurtrière au Congo-Brazzaville - Un châtiment collectif pour appartenance ethnique par exemple, Krysis Kilokila-Kiampassi dissèque le quotidien des populations du Pool oubliées et abandonnées à leur sort. (1).

     

    Dans cette trame tragique et dramatique, il y a aujourd'hui d'un côté, une résistance qui n'a pas eu, me semble-t-il, assez d'autorité pour contrôler ses éléments devenus indisciplinés et donc en proie à l'anarchie. De l'autre, un régime issu d'un coup d'Etat, né du sang, qui n'arrive pas à se surpasser, incapable de canaliser les excès de ses "hommes", de se "civiliser", d'asseoir l'Etat de Droit, de réconcilier véritablement le peuple congolais avec lui-même. Mais au contraire, c'est dans un flot de sang qu'il conduit les Congolais, tous les Congolais, vers une destinée inconnue. Ce régime y trouve donc une réelle délectation, sinon il aurait tout fait pour stopper net ces "dérapages" (sic). <script></script>

     

    En conséquence, au regard de ce qui précède, il convient donc d'affirmer ici que, par manque d'un plan pour une concorde nationale, les gouvernants de Brazzaville ne doivent leur vie et leur survie qu'à travers une politique de répression aveugle sans laquelle ils n'auraient plus aucune existence.

     

    En tout cas, ce "châtiment collectif pour appartenance ethnique" infligé à la population du Pool est la preuve, sans appel, que le régime de Brazzaville masque ses limites, ses insuffisances, et donc son incapacité à gouverner le pays et, partant, à insuffler une dynamique pour sortir le pays du chaos dans lequel il l'a plongé.

     

    Ceci dit, longtemps, très longtemps et toujours, les populations du Pool ont été manipulées. On a tout fait pour présenter les ressortissants du Pool comme différents les uns des autres :

     

    - que tel est Sundi ;

    <script></script> - que tel autre est Lâri ou Kongo ;

    - qu'ils n'ont rien de commun et en commun ;

    - que donc rien ne les unit.

     

    Cette distinction ou différenciation des uns et des autres qui repose sur le principe bien connu de "DIVISER POUR REGNER" a fait que la région, intra muros, a vécu et vit encore à ce jour sous des tensions opposant les uns aux autres, chacun rejetant ou repoussant l'autre, à la grande satisfaction des manipulateurs. Et l'homme du Pool est tombé bêtement, très facilement dans ce piège infernal, implacable et infâme. Parce que, retenons-le, le drame, la tragédie de la région du Pool trouvent ses racines dans cette médiocrité. Alors, à tous les ressortissants de la région de prendre conscience et de saisir cette chance pour nous retrouver avec nous-mêmes et, par la même occasion, balayer devant notre propre porte.

     

     

    KIMPWANZA : Que dites-vous du transfert des restes de Pierre Savorgnan de Brazza d'Alger à Brazzaville ? <script></script>

     

    JCMM : S'agissant de l'exhumation et du transport des restes de Pierre Savorgnan de Brazza d'Alger à Brazzaville, sans doute pour une meilleure sépulture, humainement parlant et du point de vue historique, cela n'est pas une mauvaise chose. Mais, sur le plan purement politique, je dirais que le Peuple congolais n'est pas en quête d'ancêtres. Et s'il y a un événement auquel les congolais participeraient très activement, ce sera sans nul doute celui du jour où la France (Etat) ouvrira le pan historique, resté obscur et secret à ce jour, concernant tous les suppliciés du Congo, et qu'elle leur remettra leurs dossiers, afin qu'ils sachent tous pourquoi. Car, jusqu'au jour d'aujourd'hui, l'Etat français refuse d'assumer son passé, un pan de son Histoire, si honteux soit-il.

     

    Ainsi donc, laissons à ceux qui sont en mal d'ancêtres se reconnaître en celui-là, Pierre Savorgnan de Brazza qui, lui-même, était un immigré au service de l'Etat Français. Peut-être, et pourquoi pas, y trouvera-t-il enfin la paix, en terre congolaise, surtout en cette période où l'Etat français   -  comme pendant la IIIème République qui avait fait imprimer des timbres-poste sur lesquels il avait été écrit : "Sauvons la race"  -,  est en train de promulguer des lois iniques contre ceux qui ne ressemblent pas aux Français de souche. <script></script>

     

    Ceci dit, les Congolais s'en réjouiraient beaucoup plus aujourd'hui si c'était, et ne serait-ce que cela, les corps de tous les suppliciés dont on n'a jamais de tombes connues et ceux des "Disparus et suppliciés du Beach" qui étaient rendus à leurs familles.

     

     

    KIMPWANZA : Le président Sassou Nguesso est président en exercice de l'U.A. Pensez-vous qu'il réussira là où d'autres ont échoué ?

     

    JCMM : Je vois où vous voulez en venir. Il y a les dossiers de la Côte d'Ivoire, du Soudan, de la République Centrafricaine, du RDCongo, etc. Trop à la fois pour un seul homme. Mais, voyez-vous, comment peut-on se permettre d'aller donner des leçons de démocratie, de paix et de bonne gouvernance à d'autres quand on est arrivé soi-même au pouvoir dans des conditions inacceptables et indignes ? Comment cela peut-il être possible quand on refuse de balayer devant sa propre porte ? Comment peut-on aller prêcher la "BONNE NOUVELLE", parler de paix chez certains quand on est incapable ou qu'on refuse de la restaurer chez soi ? Mais espérons qu'il apportera mieux à d'autres et aux autres que chez lui-même. J'en serais très ravi pour eux. <script></script>

     

     

    KIMPWANZA : Pour conclure, que diriez-vous à vos frères Africains en général et à vos compatriotes Congolais en particulier ?

     

    JCMM : Je n'ai pas deux messages à adresser aux uns et autres. Mon message est simple. Aux uns et aux autres d'y réfléchir : Il n'y a pas que l'arme à feu pour exterminer un peuple. Il y a les armes de la faim, de la soif, de l'école, des soins médicaux, etc. Réfléchissons-y.

     

    "La Paix, la Liberté, la Démocratie, le Droit à la Vie et la Dignité humaine ne sauraient être, comme une chasse gardée, un monopole et un luxe réservés spécialement à une certaine sphère".

     

     

    <script></script>

    Propos recueillis par André Patrick Tchissambou pour Kimpwanza ( http://www.kimpwanza.org)

     

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    (1) - Krysis Kilokila-Kiampassi, Barbarie et folie meurtrière au Congo-Brazzaville - Un châtiment collectif pour appartenance ethnique, Ed. L'Harmattan, Paris, 2005. - ISBN : 2-7475-8410-0


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    "L'ascension sociale se faisant sans échelle, ceux qui se dégagent et s'élèvent ne peuvent que monter sur les épaules et sur la tête de ceux qu'ils enfoncent.." (Lanza Del Vasto).

    <script></script>

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  • « On ne lutte pas contre l'émotion d'un peuple avec des blindés » (Jacques Chirac).
    « Plus un ordre viole la nature, l'habitude et la norme, et plus l'usage de la violence
    lui est indispensable »
    (Lanza Del Vasto)
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    France/Congo-Brazzaville : <o:p></o:p>

    "Disparus du Beach" : Affaire Ndengue<o:p></o:p>

    DIPLOMATIE DU VENTRE
    ou la politique de prédation
    et de domination esclavagistes
    sur fond de crimes contre l'humanité
    ( LE DENI DE JUSTICE )
    <o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>

    1 - Il y a quelques semaines, un flic congolais (Brazzaville) dit de haut rang a été épinglé, arrêté à Paris par la justice française pour "Crime contre l'humanité" suite à une plainte déposée par des familles de victimes, la FIDH et l'OCDH dans le dossier des "Disparus du Beach" de Brazzaville en 1999. Ce flic aussitôt arrêté a vite été remis en liberté et a pu rejoindre son pays, sans qu'il ait été assigné à résidence surveillée, encore moins mis sous contrôle judiciaire. Dans cette affaire, la politique du ventre dite politique de la C.A.C. (Cupidité-Avidité-Concussion) a été respectée et appliquée par la France. Motif : immunité diplomatique.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Qu'à cela ne tienne, la première question qui se pose est celle-ci : Monsieur Ndengue, quoi que Directeur Général de la Police nationale congolaise, avait-il droit à un passeport diplomatique ? <o:p></o:p>

    2 - Il y a quelques années, si notre mémoire est bonne, un Ambassadeur d'un pays africain (Zaïre), en poste à Paris, avait eu la malchance de causer un accident qui avait entraîné la mort involontaire d'un enfant Français, de surcroît Blanc. Le tollé, les levées de boucliers, les vociférations et les pressions avaient été tels que la France eût recours à la levée de l'immunité diplomatique de ce diplomate de haut rang, puisque Ambassadeur accrédité auprès de la République Française. Il fut jugé et condamné, au grand mépris des conventions et règles internationales. Ici, nous sommes donc en face d'une situation typique qui puisse faire jurisprudence.

    <o:p></o:p> 

    3 - Le 23 avril 2004, circulant à 214 km/h, un diplomate du Qatar a été intercepté et s'est vu rappeler par le Quai d'Orsay (ministère des Affaires étrangères) que "les diplomates ont obligation de respecter pleinement la législation en vigueur en France comme le stipulent les conventions internationales". De son côté, le ministre français des Transports a qualifié cet excès de vitesse "d'inadmissible et de révoltant". Ce ministre a ensuite estimé que le conducteur pourrait accepter une "levée volontaire de son immunité" pour "subir la loi commune".

    <o:p></o:p> 

    Dans cette affaire, auparavant, le ministre Gilles de Robien avait déjà déclaré : "Je suis le premier choqué, c'est inadmissible, c'est révoltant. Dans un cas comme ça, on ne peut pas ne pas réagir. On va regarder ensemble quelles sont les suites à donner. Je pense qu'il peut y avoir des gestes volontaires par l'auteur de l'infraction pour sa bonne volonté de vivre en France en respectant les lois", etc. Relevons et notons avec précision qu'ici il n'y a pas mort d'homme. Mais retenons également avec précision que les réactions tant du ministère français des Affaires étrangères que de celles du ministère français des Transports sont sans appel. Le diplomate du Qatar doit subir sa punition, comme cela l'avait été pour l'ambassadeur du Zaïre.

    <o:p></o:p> 

    Au regard de ces deux cas presque similaires, et en comparaison à celui de M. Ndengue qui n'est pas diplomate mais simple fonctionnaire devant avoir droit à un passeport de service, fût-il fonctionnaire de haut rang, il y a une incohérence de comportements, d'appréciation et de réactions de la part des autorités françaises. Les leçons que nous pouvons donc tirer de ces volte-face françaises sont de deux ordres, selon que vous soyez de la catégorie de la race pure, de celle des "affranchis" ou de celle des sous-hommes :

    <o:p></o:p> 

    a) - Si vous commettez un délit sur le sol français, même si vous êtes diplomates et de surcroît originaires d'un pays du tiers-monde, c'est-à-dire des sous-hommes, votre immunité doit être levée immédiatement, car elle perd sa validité, et les conventions internationales en la matière reléguées aux oubliettes.

    <o:p></o:p> 

    b) - Si vous assassinez en masse, par centaines, par milliers des individus dans votre pays et s'ils ne sont pas français, même si plainte est déposée contre vous auprès des tribunaux français, soyez tranquilles, votre immunité sera sauvegardée surtout quand le pays et le régime auxquels vous appartenez sont la vache à lait de l'Etat français. Les autorités françaises feront tout, se plieront en quatre, pour vous sauver. Ici l'immunité diplomatique est sauvegardée et respectée. Personne ne lèvera son petit doigt pour demander la levée de celle-ci. C'est cette règle mafieuse qui a été appliquée, par la France, à M. Ndengue pour n'avoir pas assassiné un Français Blanc et pour n'avoir pas enfreint la loi commune (sic).

    <o:p></o:p> 

    C'est ainsi que les crimes pour lesquels M. Ndengue a été appréhendé et incarcéré, malgré le dépôt de plainte auprès des tribunaux français sur la base de la compétence universelle, n'ont aucune valeur. Les morts sont Africains et surtout Noirs. Ils sont moins que rien. Alors, il n'y a pas lieu d'inquiéter ces "serviteurs zélés" au service de la France pour un baril de pétrole. Ici s'appliquent les écrits contenus dans un livre devenu célèbre : "Le Code Noir".

    <o:p></o:p> 

    D'ailleurs, la presse française ne s'y trompe pas. Ainsi y lit-on :<o:p></o:p>

    - "Le Canard Enchaîné" du 7 avril 2004 : "Chirac se met en quatre pour un policier congolais".<o:p></o:p>

    - "Le Parisien" du 26 avril 2004 : "Le parquet de Meaux au secours du chef de la police congolaise".<o:p></o:p>

    - Etc…<o:p></o:p>

    De l'autre côté, l'un des criminels, le clairon de service Alain Akouala, de déclarer que "la justice française n'est pas compétente pour juger de l'affaire des disparus du Beach". Chose curieuse : quand M. François-Xavier Verschave avait écrit le livre intitulé : "Noir Silence" publié aux éditions Les Arènes en 2000, les mêmes qui ne reconnaissent plus aujourd'hui la compétence des tribunaux français étaient les premiers à saisir cette même justice pour "offense à chefs d'Etat étrangers". A ce moment-là, la justice française était bonne et compétente. Ce qui d'ailleurs donnera naissance à un autre livre aux mêmes éditions sous le titre : "Noir procès". Qu'on le veuille ou non, la France est seule coupable de cette situation si sa "Justice" est dénigrée à ce point et foulée aux pieds par ses connétables et autres baudets.

    <o:p></o:p> 

    M. Akouala qualifie ces assassinats massifs au nombre incalculable de "bavures" (sic). En 1999 (Cf. : Hebdomadaire "Jeune Afrique - actuel "L'Intelligent" - numéro 2022 du 12 au 18 octobre 1999), le Chef du régime de la barbarie, pour reconnaître ses crimes à grande échelle, déclarait : "Je ne nie pas qu'il y ait eu… des bavures et dérapages condamnables de la part de la force publique". Depuis, malgré cet aveu, combien y a-t-il eu de condamnations? A-t-on traduit en justice un seul de ces "dérapeurs"? Alors :

    <o:p></o:p> 

    - Bavures et dérapages, les 500 000 morts programmés depuis longtemps, laissés sur le terrain par les massacres du Sud-Congo, dont une moitié de femmes et d'enfants ?<o:p></o:p>

    - Bavures et dérapages, les milliers de personnes exécutées, après avoir été ramenées de force de la forêt ou de Kinshasa ?

    <o:p></o:p> 

    - Bavures et dérapages, cette décision d'épuration ethnique prise à Oyo en janvier 1998, et exécutée scientifiquement dès avril 1998 ?

    <o:p></o:p> 

    - Bavures et dérapages, ces opérations de ratissages mètre par mètre décidées et annoncées publiquement pour anéantir tout le sud-Congo en général, et la région du Pool en particulier ?

    <o:p></o:p> 

    - Bavures et dérapages, toutes ces fillettes violées devant papa et maman ?

    <o:p></o:p> 

    - Bavures et dérapages, ces opérations sous les noms évocateurs de : "Colombes I et II", "Hérode", "Hadès", "Mouebara", etc. ?

    <o:p></o:p> 

    - Bavures et dérapages, ces centaines de milliers de femmes abattues puis violées ?

    <o:p></o:p> 

    - Bavures et dérapages, ces mines antipersonnelles programmées et disséminées ici et là en vue de l'extermination des populations de la région du Pool ?

    <o:p></o:p> 

    - Bavures et dérapages, l'absence de prisonniers de guerre, tous ceux qui sont capturés vivants ou enlevés étant immédiatement exécutés ?

    <o:p></o:p> 

    - Bavures et dérapages, cet aveu du président Chirac ce jour du 30 juin 1998 à Luanda (Angola) contre lequel le ministre des Affaires étrangères de l'époque, M. Hubert Védrine, dans sa réaction, déclara : "Mais quelle mouche l'a piqué?" (Cf. Le Canard Enchaîné)?

    <o:p></o:p> 

    - Bavures, dérapages et sans doute aussi mensonges, ces nombreux témoignages recueillis par les équipes de Médecins Sans Frontières et rapportés dans leur livre intitulé : "Une guerre contre les civils : Réflexions sur les pratiques humanitaires au Congo-Brazzaville (1998-2000)" ?

    <o:p></o:p> 

    - Etc…

    <o:p></o:p> 

    Or chaque Congolais connaît le mode opératoire du régime de Brazzaville. On tue plus de 500 personnes au Beach de Brazzaville ou ailleurs, puis on achète des Zaïro-Congolais et des Hutu rwandais pour servir de faux disparus dans le but de discréditer l'action judiciaire engagée par la FIDH et l'OCDH. Ce scénario avait déjà fonctionné lors de l'assassinat de Marien Ngouabi, celui du Père Guth et de bien d'autres suppliciés.

    <o:p></o:p> 

    Ici, l'ONU, qui est montrée du doigt et accusée par le régime de Sassou Nguesso, lequel clame haut et fort son innocence pour n'avoir jamais vu ou reçu un seul de ces "disparus" prétendus, se doit de réagir de la façon la plus énergique. Sinon, nous serons dans l'obligation d'accuser le HCR (bureau de Kinshasa) de l'ONU d'avoir assassiné les 500 disparus du Beach, car nous sommes convaincus qu'ils ne se sont pas suicidés.

    <o:p></o:p> 

    Par ailleurs, s'agissant de la France, on ne peut perpétuellement et en même temps prétendre être un Etat de Droit, Patrie des Droits de l'homme, Fille Aînée de l'Eglise Catholique et Apôtre de la Démocratie, tout en sacralisant la diplomatie du ventre et privilégiant la politique de prédation et de domination esclavagistes sur fond de crimes contre l'humanité en Afrique. Oui, c'est vrai, comme nous l'avions lu il y a quelques années dans "Jeune Afrique" devenu "L'intelligent" depuis : "La France est le pilier de nos dictatures en Afrique".

    <o:p></o:p> 

    En conclusion, dans le cas d'espèce de M. Ndengue, l'un des principaux impliqués dans ce dossier de "crimes contre l'humanité", la délivrance de passeports diplomatiques à des individus comme lui, et qui ne les méritent pas parce qu'ils n'en ont pas droit, est devenue une couverture, un moyen d'échapper à la justice française qui agit au nom de la compétence universelle. En règle générale, dans un Etat qui se respecte et digne de foi, M. Ndengue avait droit à un Passeport de Service accompagné d'un Ordre de mission. Point et rien de plus.

    <o:p></o:p> 

    Malheureusement, dans ce pays où la déliquescence de l'Etat n'est plus à démontrer (Cf. : Lettre du Général Ngouelondele, Août 2003), de la même manière que le régime de Brazzaville a distribué comme des petits pains la nationalité congolaise à des Hutus rwandais, Tchadiens et autres Angolais ayant prêté mains fortes à Sassou Nguesso dans le génocide des Kongo du Pool, de la même manière le régime de Denis Sassou Nguesso distribue des passeports diplomatiques à n'importe qui pourvu que celui-ci ait baigné dans les massacres humains qui se perpétuent à ce jour dans la région du Pool. Voyez-vous, même le scribe (nègre) de Sassou Nguesso en bénéficie. Il s'agit de Jean-Paul Pigasse qui, lui-même, a maille à partir avec la justice française, bien qu'il traite les Juges Français de "Petits Juges". Et dans le même temps, discrimination ethnique oblige, les natifs et vrais citoyens Congolais sont privés de Passeport, voire de la Carte Nationale d'Identité, surtout quand on est originaire de la région du Pool.

    <o:p></o:p> 

    C'est pourquoi nous pouvons nous permettre d'affirmer : "Le génocide des Kongo de la région du Pool est l'œuvre de l'Etat français dont le Président Chirac en est l'orfèvre".<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>

    Strasbourg, le 30 avril 2004

    <o:p></o:p> 

    Jean-Claude Mayima-Mbemba

    <o:p></o:p> 


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  • Le principe du pouvoir en Afrique<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>

    En Afrique d'expression française dite aussi "Afrique francophone", le principe du pouvoir est très simple : « Celui qui remue la queue, rampe, lèche les bottes et garantit les "intérêts de la France", celui-là est jugé apte à "gouverner" ses compatriotes ».<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Dès cet instant, le pacte de soumission, d'assujettissement et de réduction de tout un peuple à l'esclavage est signé. Le reste n'est plus qu'une simple formalité, comme l'organisation et la mise en place de la stratégie et de la logistique inhérentes à l'installation de "l'affranchi" qui, pour le fauteuil offert et son maintien à vie dans celui-ci, exécutera impitoyablement, aveuglement, et dans l'impunité la plus absolue, ce que ses maîtres ne pourront ou ne voudront accomplir de leurs propres mains. Dès lors, le cycle de la violence, de la barbarie et de la bestialité est mis en place, à la grande satisfaction des commanditaires et/ou des souteneurs.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Ainsi depuis des décennies, la France est tombée dans cette bassesse inqualifiable où les crimes de sang, les crimes contre l'humanité et les génocides, à son actif, ne comptent plus. Aussi, ce qui se passe aujourd'hui au en Côte d'Ivoire, comme hier au Rwanda ou au Congo-Brazzaville, voire ailleurs, relève de cette logique, de ce plan macabre éhonté.<o:p></o:p>

    Ici, s'agissant donc de l'Etat français, se justifie ce qu'avait écrit Lanza del Vasto, je cite : "Plus un ordre viole la nature, l'habitude et la norme, et plus l'usage de la violence lui est indispensable" (1).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Pour preuve, non content de l'existence, au ministère des Affaires étrangères, de la direction des affaires africaines, le palais de l'Elysée dispose et abrite en son sein un département dénommé : "Cellule africaine de l'Elysée", véritable laboratoire de conception, de "faiseurs" et "défaiseurs" de rois en Afrique, et où il n'existe aucune autre cellule par exemple asiatique ou maghrébine, etc., sauf pour l'Afrique Noire, celle des colonies et des compagnies concessionnaires françaises.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Ce propos, encore une fois, d'aucuns le jugeront sans doute excessif. Peut-être, et qu'en savons-nous ! Mais ce qui est sûr, et ce qui le conforte, c'est la déclaration des Evêques d'Afrique centrale qui, réunis du 15 au 18 février 2000, à Bangui, dans le cadre du Conseil permanent de l'Association des Conférences Episcopales de la région de l'Afrique centrale (ACERAC) qui regroupe les Episcopats du Cameroun, la RCA, le Congo-Brazza, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad, avaient lancé un appel pour que les gouvernements, les hommes politiques et les multinationales cessent d'opprimer les peuples par la recherche effrénée du profit : Je cite :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    "L'exploitation de nos ressources naturelles est devenue la source de notre souffrance. Des nations entières sont mises à feu et à sang dans le seul but de préserver les intérêts de l'un ou de l'autre pays étranger et des compagnies internationales", ont-ils déclaré, tout en ajoutant : "Le tribalisme, le manque de transparence dans la gestion publique, l'égoïsme des responsables politiques, la corruption généralisée, minent les structures des Etats et hypothèquent l'avenir de nos pays et les amènent à corrompre ceux qui doivent décider" (Fides, Rome, 25/02/2000).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Les différents comportements évasifs et refus de la France observés ces dernières années, voire très récemment, notamment dans les dossiers par exemple de la reconnaissance du génocide arménien (2), ou du procès de Pinochet, etc., relèvent de cette même logique. Comment cela pourrait-il en être autrement dans la mesure où ceux qui doivent reconnaître les génocides ou condamner ces actes ignobles et indignes d'un Etat de droit, sont ceux-là même qui les perpètrent en Afrique ? On ne juge ni ne condamne son complice, son homologue ou son sosie. La France ne le peut donc pas. <o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Autre exemple. En dehors de son discours de Luanda, où il s'est félicité de l'œuvre d'extermination des populations du sud au Congo-Brazzaville accomplie par Sassou Nguesso, Dos Santos, Idriss Deby et autres, avez-vous vu le président Jacques Chirac prononcer un seul mot sur le Congo-Brazzaville ? Comment le peut-il puisqu'il en est l'orfèvre ? L'on comprend pourquoi le président Jacques Chirac, le fonceur, le bulldozer, n'a pas pesé de tout son poids dans l'affaire Pinochet. Et pour cause !<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Et donc, à cet égard, il y a lieu de craindre le pire pour nous,  nous pauvres Nègres d'Afrique Noire, qu'on ne considère même pas comme des êtres humains à part entière, par ceux qui commanditent les crimes contre l'humanité et les génocides en Afrique, pour leur seule prospérité, surtout en ces temps de vaches maigres. En effet, comme l'avait dit l'autre : "Tous les hivers, les français n'ont pas froid, a la place de leur pétrole pour lequel ils meurent, le sang des Africains chauffent leurs maisons."<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>

    Si la criminalité est internationale, <o:p></o:p>

    la lutte pour le triomphe du droit l'est aussi (3).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>

    Lorsque tout un continent comme l'Afrique devient une plaque tournante et un excellent client pour les trafiquants d'armes, il est bien clair que les milieux politiques se sont connectés avec la grande criminalité internationale. <o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Quand tout un ensemble de régions comme l'Afrique de l'Ouest ou l'Afrique Centrale tendent à s'installer dans un état de guerre permanent, il est clair que tous ces conflits sont en connexion les uns avec les autres et que les organisations armées, qui se disputent ici et là le pouvoir d'Etat, sont amenées à se nuire ou à s'entraider au gré de la conjoncture créée par leurs combats. <o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Quand, enfin, les grandes puissances industrielles étrangères ont, dans ces régions, des intérêts du niveau par exemple du pétrole dans le Golfe de Guinée, il est bien clair qu'elles n'assistent pas les bras croisés à la guerre des clans qui se livre autours de leurs investissements. Chacun choisit les moyens qui lui paraissent les plus aptes à promouvoir ses intérêts.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Nous qui aimons tout simplifier à l'extrême et confondre, dans un même sentiment d'amour ou de haine, l'Etat, son chef, son parti et les habitants de sa région, nous avons beaucoup de mal à nous retrouver dans la complexité du monde dangereux et implacable où viennent à peine de rentrer nos jeunes républiques. <o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    L'une des raisons pour lesquelles nous ne pourrons pas du tout choisir la guerre comme moyen de résoudre nos problèmes internes est que nous sommes trop pauvres pour gagner sans le secours des étrangers, et trop riches pour ne pas attirer leurs convoitises au cœur de nos batailles.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Quant aux luttes pacifiques pour l'instauration et la sauvegarde de l'Etat de droit et de la paix, elles sont l'affaire des sociétés civiles organisées capables d'exercer sur les Etats des pressions décisives.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Il n'existe pas seulement, dans le monde, des multinationales sans foi ni loi, une internationale du crime et des Etats sans âme ni morale. <o:p></o:p>

    Il existe aussi, et fort heureusement, de vastes réseaux d'organisations non gouvernementales équipées de puissants moyens de communication pour faire entendre la voix de la raison, de la justice et de la paix. Les démocrates d'Amérique latine ont su prendre appui sur ces réseaux dans leur longue lutte désarmée contre des Etats voyous de surcroît mafieux et des révolutions totalitaires. Si nous ne savons pas donner naissance, en Afrique à une société civile capable de s'engager pacifiquement et efficacement dans cette lutte, nous serons livrés, sans espoir et sans témoins, aux guerres sans perspectives des clans qui se disputent nos Etats et nos richesses.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Alors, dans ces conditions, longue, très longue sera la nuit des cauchemars, des génocides et des crimes contre l'humanité à répétition, et interminables.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Aussi, inversement, une fausse paix qui laisse couver sous la cendre les restes encore vifs d’une idéologie perverse est encore plus dangereuse que l’affrontement et la contradiction.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>

    Jean-Claude Mayima-Mbemba<o:p></o:p>

    Secrétaire Général de AHVI<o:p></o:p>

    http://www.africa-humanvoice.org/afrique<o:p></o:p>

    NOTES :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    (1)- Lanza Del Vasto, Les quatre fléaux, éd. Denoël, Paris, 1959, p. 163<o:p></o:p>

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    (2)- Ce texte a été écrit le 6 mars 2000. En ce moment-là, la France n'avait pas encore reconnu le génocide arménien. Ce n'est que très récemment, courant 2001, que cela l'a été par le parlement français. <o:p></o:p>

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    (3)- Cf. : Jean-Claude Mayima-Mbemba in bimestriel Le Monde des Droits de l'Homme vue de Bruxelles (LMDH), n° 34, novembre-décembre 1997 (http://www.lmdh.org).<o:p></o:p>

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