• Economie
    Gustave Massiah, initiateur d'un réseau
    de solidarité internationale :
    «Le codéveloppement, un alibi pour les candidats»
    Par Vittorio DE FILIPPIS, Christian LOSSON
    QUOTIDIEN : mercredi 28 mars 2007
          
    La solidarité internationale, oubliée de la campagne ? Constitué le 6 février 2006, Etat d'urgence planétaire ­ un collectif de 23 organisations et réseaux, soit 300 000 militants ­ publie ce matin un comparatif des propositions des partis politiques sur neuf thématiques (dette, commerce, aide, etc.). Entretien avec Gustave Massiah, président du Centre de recherche et d'information sur le développement, initiateur de cette campagne.
    Que pensez-vous des débats dans la campagne autour des enjeux sur les rapports Nord-Sud ? 
    Ils ne sont absolument pas à la hauteur de l'état d'urgence. Eau, santé, éducation, commerce, agriculture, migrations sont au coeur de la bataille pour un monde plus juste, comme le montrent les objectifs du millénaire (qui visent à réduire de moitié la pauvreté dans le monde d'ici à 2015, ndlr). Des idées sont lancées, mais sans dire comment on y arrive. C'est le cas de la rupture avec la Françafrique, de l'augmentation de l'aide publique au développement (APD) ou encore de la réduction du poids de la dette. Mais c'est une vision très nationaliste, comme si la France était en dehors de l'Europe et du reste du monde.
     
    Tous les candidats ne jurent que par le codéveloppement... 
    A les écouter, on a vraiment l'impression qu'ils se sont contentés de mettre «co» devant «développement». Le codéveloppement est devenu une tarte à la crème, tant le concept a été dévoyé. Il avait été popularisé par Jean-Pierre Cot en 1981, éphémère ministre de la Coopération, poussé à démissionner car il voulait des rapports équitables entre la France et l'Afrique. Aujourd'hui, le codéveloppement n'est, chez beaucoup de candidats à la présidentielle, qu'un alibi qui sert à masquer la politique répressive vis-à-vis des migrants.
     
    C'est-à-dire ? 
    On veut maîtriser les flux migratoires, arrimer les migrants chez eux, via une politique de camps que l'on voit se développer aux portes de l'Europe. Or, le codéveloppement, c'est de la coopération d'égal à égal. C'est faire le lien entre deux pays. C'est également remettre en question notre propre développement pour le mettre en relation avec celui d'autres pays. Ce n'est de toute façon qu'un outil complémentaire de solidarité internationale, des rapports Nord-Sud. Mais, pour avoir une pensée du codéveloppement, il faut d'abord avoir une pensée du développement.
     
    Vous voulez dire que cette réflexion a disparu dans le débat... 
    Dans le débat politique, le temps de cette campagne, oui, mais pas dans celui de la société civile. Pourtant, que ce soit sur le vote des immigrés aux municipales, l'augmentation de l'aide, voire la régularisation des sans-papiers, les Français sont plus ouverts que l'on croit sur les migrations et le développement. Or, les politiques ont une simplification hallucinante sur des questions complexes et finissent par en pervertir les enjeux.
     
    Pourtant, la France se veut volontariste sur l'aide au Sud, à l'image de la taxe sur les billets d'avion... 
    Oui, mais malgré ces avancées (coopération décentralisée, hausse de l'aide, climat, etc.), la campagne est très en retrait et donne l'image d'une France qui se renferme sur elle-même. Paradoxe quand on constate un accroissement généralisé des inégalités, des menaces écologiques et des phénomènes d'exclusion, et que la France joue un rôle primordial au sein de l'Union européenne et des institutions internationales !



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    "Changer de régime et améliorer les lois sans changer les hommes et les rendre meilleurs, c'est comme balayer la chambre sans ouvrir la fenêtre; la poussière soulevée (celle du moins qui n'aura pas été avalée) retombera d'où elle vient" (Lanza Del Vasto).

     
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    - « Un homme meurt chaque fois que l'un d'entre nous se tait devant la tyrannie » (Wole soyinka, Prix Nobel de Litterature).
    - « Everytime somebody keep silent when faced with tyranny, someone else dies » (Wole Soyinka, Nobel Prize for Literature)

    SITES D'INFORMATION SUR LE CONGO-BRAZZAVILLE :
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    http://www.congo-transparence<wbr>.com
    - http://voxhumana.club.fr
    - http://www.congo-mikale.org
    - http://www.africa-humanvoice<wbr>.org/afrique
    - http://www.mwinda.org
    - http://www.kimpwanza.org
    - http://www.fidh.org



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    "L'ascension sociale se faisant sans échelle, ceux qui se dégagent et s'élèvent ne peuvent que monter sur les épaules et sur la tête de ceux qu'ils enfoncent.." (Lanza Del Vasto).


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