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Au-delà de Gbagbo : l'Afrique
Au-delà de Gbagbo: l'Afrique <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p></o:p>
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« La vraie passion du XXème siècle, cest la servitude », écrit Camus à propos de notre époque, laquelle « noffre à choisir que des conformismes ». Or comme toute passion, celle de la servitude est souffrance et produit doublement des patients, soit quon sacharne à asservir les autres, soit quon se résigne à lasservissement. Lon ne sétonnera sans doute plus que les nations qui se sont autoproclamées propriétaires du monde, et qui de ce fait expriment bien de la souffrance, sactivent, à leur insu parfois, à produire de la souffrance en multipliant des risques de servitude génocidaire chaque fois que leurs intérêts sont interpellés.<o:p></o:p>
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Ces puissances du monde nont plus de scrupule à promouvoir lindustrie de la violence. Cette dernière ouvre des marchés, produit des armes quelle vend, et permet aux multinationales de revenir sur le terrain des violences rebâtir ce que leurs armes ont activement aidé à détruire. Au bout du compte, il ne sagit que de marchés, et donc de bénéfices. Et depuis des siècles, lAfrique est désignée comme terrain dexpérimentation multiforme pour de nouvelles règles diplomatiques, de nouveaux médicaments et des armes nouvelles dont les propriétaires du monde équipent des Forces naturellement Nouvelles...<o:p></o:p>
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LUnion européenne fait la force coloniale<o:p></o:p>
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Notre monde naura pas beaucoup vu les forces de lONU censées maintenir la paix sactiver et simposer par leur efficacité au Rwanda où il se perpétrait bien des horreurs. Ces soldats de la paix savaient regarder ailleurs. Tout aura même été fait pour les exfiltrer, les éloigner des zones des massacres, probablement pour « avoir la paix ! » Ce sont cependant ces mêmes soldats de la paix que la même ONU entend largement, et cette fois efficacement, déployer en Côte dIvoire, pour cette paix à lonusienne, dont lobjectif mal maquillé consiste à remettre une jeune nation africaine en revendication de sa souveraineté sous les fourches caudines dune puissance coloniale à veto. Les forces de maintien de la paix de lONU vont donc, à ce quon dit, pacifier la Côte dIvoire. Il existe déjà en Afrique des pays où les populations savent que cette formule sest toujours illustrée par des cimetières et des enterrements sommaires dans des fosses communes. Ainsi, cest pour une raison hautement pacificatrice - quoique dune éthique plutôt singulière - que lOrganisation des Propriétaires du monde sest concertée et quelle sest constituée en une Internationale colonialiste pour les besoins de sa cause.<o:p></o:p>
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La Côte dIvoire est donc devenue un cas décole pour lAfrique et le monde, au lendemain des cinquantenaires de ce quon a pompeusement présenté comme les indépendances africaines. Certes la Côte dIvoire se serait volontiers passée dune telle distinction ; mais à travers elle, cest toute lAfrique qui se trouve en devoir de constater quelle est traitée de la main gauche par la « Communauté internationale » dont elle est censée faire partie, mais dont elle devra se savoir exclue, parce que dans le lexique de lInternationale colonialiste, « international » signifie « occidental ». Du fait de lONU, lAfrique se voit donc enfin officiellement et férocement confirmée dans son statut densemble de territoires sans Etats véritablement souverains, la souveraineté daucun pays africain nayant véritablement figuré à lordre du jour de lordre colonial et néolibéral dominant. La diplomatie de la « Communauté internationale », inspirée par lInternationale colonialiste veut que toutes les chancelleries le sachent ; que toutes lentendent bien ainsi, mais que toutes se gardent bien de le dire, par diplomatie, en confirmation de ladage où lUnion (européenne) fait la force (coloniale). <o:p></o:p>
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La notion de souveraineté appelle cependant quelques observations: chaque fois quun potentat africain monte un mauvais coup contre son peuple, il se drape de la «souveraineté» nationale dans lespoir déchapper à toute observation critique ou à toute évaluation extérieure. Ces potentats se plaisent dautant plus à ce jeu quils sy livrent impunément, le plus souvent avec lonction dune métropole coloniale prompte à donner une crédibilité « internationale » à limpénitent potentat. Le peuple peut toujours hurler son indignation et sa désolation : « lhomme fort » se sait couvert par son mentor métropolitain, qui lui-même se cache derrière des « accords de défense ». Car sous prétexte de « coopération militaire », la métropole nhésite jamais à défendre un dictateur contre un peuple, son propre peuple, qui la rejeté.<o:p></o:p>
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La Côte dIvoire post électorale nous fait témoins dun scénario différent, presque inverse : il sy observe un flagrant déni de souveraineté du peuple ivoirien, moins cette fois par un potentat que par une communauté « internationale » à la rescousse dune métropole en perte de vitesse en Afrique. Les calculs électoraux et les combinaisons politiciennes ayant mal abouti, il restait à la légalité de prévaloir, force devant rester à la loi. Et la loi fondamentale de la Côte dIvoire fait du Conseil constitutionnel le seul organe habileté à proclamer les résultats des élections, quelles quen soient la nature et les conditions de déroulement. Contrairement au scenario habituel, ce nest plus un potentat qui cherche à spolier son peuple de sa souveraineté en comptant sur des appuis métropolitains étrangers. Cest une métropole coloniale qui sappuie sur un lobby ethno diplomatique et financier pour imposer son diktat à un Etat dont les institutions ont formellement dit le droit, conformément à ses lois. Ce quaucune nation occidentale naccepterait doit donc être imposé à une nation dAfrique. Cest lAfrique. Ce nest donc pas important <o:p></o:p>
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La question semblait banalement arithmétique ; elle a pris toute une dimension juridique et politique qui appelle dautres questions :<o:p></o:p>
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La Côte dIvoire est-elle un état souverain membre de lONU ?<o:p></o:p>
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Si oui, disposerait-elle dun arsenal juridique propre à en faire un état où se dit le droit ?<o:p></o:p>
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Ces lois ivoiriennes peuvent-elles être invoquées par les Ivoiriens pour des élections en Côte dIvoire ?<o:p></o:p>
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Si tel pouvait être le cas, doù viendrait-il quune métropole, fût-elle aussi amicale et aussi désintéressée que la française, sarroge le droit de lancer un ultimatum à un Chef dEtat que le Conseil Constitutionnel de son pays a légalement proclamé élu, en validation corrective dune arithmétique des urnes dont il pourrait savérer quelle a été viciée par des fraudes?<o:p></o:p>
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Et Laurent Gbagbo de poser la seule question qui vaille à ses Pairs venus en médiation : « Qui a gagné les élections en Côte dIvoire ? »<o:p></o:p>
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Linversion du scenario habituel dessine un schéma nouveau : hier cest un Gouverneur de colonie de souveraineté théorique quune métropole coloniale défendait contre un peuple spolié de sa souveraineté et subjugué au nom des intérêts de la métropole. Aujourdhui, cest un Chef dEtat en revendication dune souveraineté effective au bénéfice de son peuple quune métropole harcèle. La notion de souveraineté savère donc à géométrie variable selon que cest un nationaliste ou un gouverneur de colonie qui en parle. Aussi y aurait-il légèreté à se hâter de signer, au nom de cette souveraineté, le moindre chèque en blanc à quelque Chef africain que ce soit, bien que la mouvance nationaliste et patriotique dont se réclame Gbagbo puisse favorablement le positionner aux yeux dune Afrique de plus en plus lassée de ses chaînes.<o:p></o:p>
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La France, qui a perdu la cote mais tient tant à livoire, fait du braconnage politique<o:p></o:p>
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Il se trouve que lAfrique présumée « francophone », en réalité « française », excelle dans la complaisance à revendiquer son propre maintien dans lesclavage sociopolitique. La voici donc allègrement remise en corset et reprise en étau par ce que chacun devra sans doute reconnaître bientôt comme le Nouvel Ordre Mondial de la Colonisation (NOMC). En somme derrière la couverture de la « Communauté internationale », lInternationale colonialiste et néolibérale réédite ce quelle a perpétré depuis Berlin et Yalta, puis entre 1945 et 1960, au moment où des Africains davant-garde engageaient la lutte pour lindépendance de leurs territoires et la souveraineté effective de leurs peuples.<o:p></o:p>
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Cinquante années après ces « indépendances », le même lobby colonialiste sactive autour des territoires africains qui comptent : car au moment où le système économique et social de lOccident se fissure et seffiloche, il nest surtout pas question de perdre ni une seule plantation, ni aucune source de matières premières ; il nest surtout pas question de laisser les Africains penser que le Pacte Colonial pouvait être reconsidéré, encore moins rompu au nom de nul ne sait quel droit de quels peuples à disposer deux-mêmes.<o:p></o:p>
Tant quune dictature tropicale laisse lInternationale colonialiste disposer de ses territoires et de ses ressources diverses, la « Communauté internationale », entendez les métropoles occidentales, ny trouve rien à redire ; au nom du Nouvel Ordre Mondial de la Colonisation, elle se hâte même de consacrer ladite dictature comme démocratie, et de la présenter comme modèle dintelligence politique et de « sagesse » africaine. Mais quil se trouve un nationaliste pour sintéresser au sort de son peuple, aussitôt sagite le drapeau menaçant de la démocratie à loccidentale dont lEurope sarroge le droit de dispenser des leçons contre ses propres pratiques sociales et politiques parfois douloureuses et bien souvent embarrassantes de honte. La diffusion dans les médias occidentaux de la manière dont le Fils de lautre a gagné les élections présidentielles au Gabon établit léthique électorale et démocratique que « la Communauté internationale » sait opportunément appliquer aux colonies dAfrique Quand on a su autant bâillonner sa moralité électorale et sa propre vergogne au Gabon, se montrer aussi délicat en Côte dIvoire relève du gangstérisme politique international!<o:p></o:p>
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Cest dans ce jeu que bien des gouvernements occidentaux se sont surpassés, ceux de France en tête. Mais la France na plus la cote. Chaque jour, elle observe quelle a même perdu cette cote quelle sest arrogée en Afrique pendant de longs siècles damitié acharnée, de tartufferie politique et de séduction culturelle. Seulement, elle a beau perdre la cote, la France tient à livoire. Dans sa rage den perpétuer le trafic, la voici installée dans le braconnage politique et mobilisée pour y recruter ou y compromettre dautres nations, selon cette règle du partage qui veut que les Propriétaires de notre monde se gardent de se gêner dans leurs « chasses gardées » respectives. Il va donc y avoir des assassinats déléphants, lONU ayant pris parti contre la souveraineté dun de ses Etats membres, au mépris tout à fait flagrant des conventions internationales qui, au bas mot, font des pachydermes une espèce en voie de disparition et comme telle protégée. Mais nous souscrivons à la déclaration dun Collectif dintellectuels dAfrique et du monde : il faut empêcher toute intervention militaire en Côte dIvoire ; il faut sécuriser les Eléphants.<o:p></o:p>
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Le 2 décembre 2010, lElysée déclarait qu« il appartient désormais au Conseil constitutionnel de proclamer les résultats définitifs dans le strict respect de la volonté clairement exprimée par le peuple ivoirien ». Cette déclaration engageait le Conseil constitutionnel de Côte dIvoire dans un tunnel sans lumière, de manière si «stricte» que la seule possibilité consentie à cette institution se résumait à reproduire ce qui semblait avoir été « clairement exprimé par le peuple ivoirien ». Mis en demeure de répéter ce qui lui était ainsi dicté, le Conseil constitutionnel se trouvait violemment dépouillé, par lElysée, de toute véritable prérogative. Le Conseil constitutionnel, organe de délibération et de décision, avait mission de valider les résultats à lui soumis par la Commission Electorale Indépendante, un organe consultatif. LElysée lui enjoignait de se satisfaire de la certification de lONU, et de renoncer à la validation dont il avait pouvoir. Le Conseil constitutionnel ayant joué son rôle légal et statutaire, « lhomme fort » de lElysée sen est pris presque physiquement au candidat proclamé élu. A croire que pour lElysée, le Conseil constitutionnel ne vaudrait comme institution républicaine que sil déclarait élu le candidat dont les fraudes électorales avaient été dénoncées, et les résultats légalement invalidés dans certaines circonscriptions.<o:p></o:p>
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Au risque détonner le bon sens, même la Maison Blanche sy est laissé tromper au prix dune contradiction remarquée : lon y prônait naguère une Afrique des institutions fortes par rejet dune Afrique des hommes forts. Voici que dans un discours dhomme fort, la Maison Blanche dénonce une institution forte mise en place par un homme dont laction, de lavis général, et en dépit des va-t-en-guerre de son pays, tendait tant bien que mal à instaurer des institutions républicaines qui fonctionnent au-delà des hommes. La Maison Blanche pourrait bien sêtre laissé compromettre par une métropole européenne quon surprend à dénoncer le fonctionnement des institutions quelle applique elle-même dans lHexagone, et que sa Vème République a imposées aux colonies par assimilation institutionnelle.<o:p></o:p>
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Il ressort de toutes ses considérations que pour le destin de lAfrique, et bien au-delà de sa personne, Laurent Gbagbo sapparente à une espèce en voie de disparition. Personne ne nous fera penser ni croire quil est un ange. Et on peut douter quil revendique ce statut surhumain : cest un homme de pouvoir ; et le risque de tout pouvoir est de se dégrader en puissance en cédant à bien des faiblesses. Mais sans nécessairement le dédouaner de ses propres insuffisances ou de ses éventuels forfaits, la vision patriotique que Laurent Gbagbo a impulsée en Cote dIvoire déplace la querelle : elle lélève des simples joutes électoralistes vers larène nationaliste et patriotique. Thomas Sankara sy est généreusement engagé dans son style. Un de ses amis a été armé pour mettre fin à son rêve, au nom des intérêts étrangers au Burkina Faso. On va sans doute bientôt armer un cousin africain de Gbagbo pour vous lassassiner, ou diligenter la Cour Pénale dite internationale mais résolument « occidentale » pour lembastiller. LONU y assistera « en toute neutralité » pour avoir, une fois encore, été instrumentalisée par une Internationale colonialiste qui sest maquillée aux couleurs de la « Communauté internationale » dans lillusion de masquer ses appétits. Par delà ses limites humaines, Laurent Gbagbo aura surtout commis labominable crime de penser ivoirien en Ivoirien, de penser africain pour lAfrique. Il a osé simaginer que les Ivoiriens avaient, eux-aussi, le droit de penser leur destin, de se prendre en main et de sortir du corset colonialiste. Il a osé parler dindépendance alors que pour certaines métropoles, la Côte dIvoire doit rester sous surveillance des forces doccupation, et lEléphant ouest africain sous contrôle de la Licorne hexagonale <o:p></o:p>
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Perception zoologique de lAfrique dite francophone<o:p></o:p>
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Il nest pas nouveau que notre « organisation » des Nations Unies se laisse instrumentaliser par certaines nations à veto en négation flagrante de la souveraineté de nations sans pouvoir de veto. Cette faiblesse a fait prendre bien des décisions regrettables dans bien des pays du monde. Le Cameroun par exemple na pas encore oublié quil na jamais été une colonie française. Il se souvient même quil fut une pupille des Nations unies. Mais cette organisation a abdiqué ses responsabilités de tutrice pour des raisons que seul un penchant à linfanticide peut expliquer ; car lONU a plutôt sacrifié sa pupille aux intérêts de lInternationale colonialiste, sous prétexte que la France sétait, la main sur le cur, engagée à « conduire » le Cameroun à son indépendance, à sa souveraineté et, comme de bien entendu, à sa prospérité. Plus de cinquante années après, le Cameroun en est toujours à courir après leffectivité de son indépendance. Les Camerounais en sont toujours à se gargariser dune souveraineté cosmétique. Quant au développement, le monde a entendu que le discours sur lémergence a déporté le Cameroun sur les calendes de 2035! Cest dans cette logique de report et de différé permanent que pour Pierre Mesmer, Ancien Haut-commissaire de la France coloniale au Cameroun, il fallait confier lindépendance du Cameroun et sa gestion « à ceux qui la voulaient le moins ». Plus de cinquante années après, lONU ne semble toujours pas pressée de savoir quel sort la France a réservé à sa pupille Sagissant du Cameroun, les Nations Unies pourraient valablement et fort utilement organiser une plénière sur lirresponsabilité tutorale et parentale.<o:p></o:p>
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Il devient donc réductionniste de se focaliser sur la personne de Gbagbo : la situation que vit la Côte dIvoire interpelle lAfrique toute entière, tout au moins lAfrique qui rêve de son indépendance réelle sur les divers plans économiques, politiques et socioculturels. Car il nest pas de juriste, il nest pas de juridiction qui ne puisse reconnaître quau plan institutionnel, la proclamation de Laurent Gbagbo comme Président de Côte dIvoire est incontestable. Partout dans le monde, larithmétique des urnes doit attendre la validation dune haute juridiction pour donner un visage aux électeurs, un nom au peuple, une conclusion légale aux élections. Il est surprenant que ce processus soit automatique et respecté comme tel dans les « grandes » démocraties du monde, et que les mêmes grandes démocraties affichent tant de myopie institutionnelle au même nom de la démocratie. Mais chacun y reconnaîtra léthique « internationale » par laquelle lOccident sut jadis organiser des croisades, bénir des expéditions desclaves et exterminer des créatures de Dieu au nom de Dieu, de son Dieu à lui!<o:p></o:p>
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Au-delà des démissions morales et des génuflexions par lesquels certains Africains se distinguent, la crise provoquée en Côte dIvoire montre que dans une nation membre des Nations Unies, un Conseil constitutionnel peut se voir violemment nier toute autorité morale, toute autorité légale, et toute autorité formelle de constituer ladite nation. Cest tout à fait nouveau dans le droit international. Mais la violence de ce déni ne peut surprendre venant de ceux dont le credo est quil nest de bon Nègre quà genoux ! Et quen Afrique, il ny aura que des nations asservies, des nations de service ; et quil ne sera de nation reconnue que celle qui se sera conformée au diktat de lInternationale colonialiste en souscrivant aux critères du partage du monde en zones dinfluence réservées, comme le « Pré carré », appellation agropastorale qui dit assez clairement la perception zoologique que daucuns ont de lAfrique dite «francophone».<o:p></o:p>
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Mais le tableau sest clarifié pour ceux qui en doutaient encore, ou qui simaginaient quil suffisait à un pays dAfrique davoir un hymne, un drapeau et quelques fusils pour être reconnu comme nation souveraine : pour le Nouvel Ordre Mondial de la Colonisation (NOMC), la bonne Afrique est lAfrique-Plantation. Et le « sage » est lAfricain dont le territoire tient entre le balai et la poubelle, le tablier et la chamoisine Avant Gbagbo, Lumumba et Um Nyobe ont voulu briser la chaîne de cet embastillement sociopolitique, économique et culturel. LONU a assisté impassible à leur liquidation sommaire, au nom de la paix telle que prônée par lInternationale colonialiste. Jamais deux sans trois <o:p></o:p>
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Selon que vous serez dAfrique ou dOccident <o:p></o:p>
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Il ne suffira cependant pas que Barack Obama ait étonné le continent africain et quil se soit dédit pour que raison soit donnée à un fonctionnaire de lONU, fort sympathique au demeurant, mais manifestement inapte à percevoir la différence de droit qui existe entre la « certification » dont il avait mandat et la « validation » des résultats dont seul le Conseil Constitutionnel avait exclusivement le pouvoir. Et ce nest plus de lignorance juridique que de confondre un organe consultatif avec un organe délibératif et de décision. Car ce nest pas par ignorance que lONU, par son représentant, sest échinée à imposer les propositions dun organe consultatif aux délibérations de la plus haute juridiction dune nation. LAfrique ne va tout de même pas tout le temps avoir honte à la place des autres. Car lon semble compter sur la pudeur des Africains pour leur faire tolérer nimporte quelle incompétence. Mais ils fonctionnent sur instructions, les fonctionnaires. Cest donc bien « lorganisation » qui sest exprimée par la voix de M. Young-jin Choï, où il se perçoit bien que Choï na pas eu de choix : étant aux ordres de lInternationale colonialiste, il aura fait son devoir en accomplissant sa besogne de mission. Aussi, naura-t-il pas hésité à violer la Charte même des Nations Unies qui prescrit de nentreprendre daction dans un pays membre que dans le strict respect des institutions et de la souveraineté dudit pays.<o:p></o:p>
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Mais la Charte des Nations Unies na pas prévu que lorganisation reconnaisse ses erreurs et fasse amende honorable. Quand on répond de lInternationale colonialiste, on ne sait pas avoir tort. Sous la pression de lInternationale colonialiste, les prescriptions même de la Charte ne sont plus que des balivernes cérébrales devant les intérêts géopolitiques et mercantiles à préserver. Pour cette raison, et parce quil sagit dun pays africain, les personnalités membres dun Conseil constitutionnel cessent aussitôt dêtre des juristes de qualité. Ils ne sont plus que des «proches» et des « amis » du Président. Que M. Kipré, Ambassadeur de Côte dIvoire en France rappelle que Michel Debré, Président du Conseil Constitutionnel de France doit, dans cette logique, nêtre quun « proche ami » de Sarkozy, et lon entend le journaliste Elkabach glapir: « il ne faut pas comparer ! ». Ainsi, selon que vous serez dAfrique ou dOccident, le Conseil constitutionnel sera un banal cercle de proches amis du Président ou une instance délibérative digne dêtre respectée par lONU <o:p></o:p>
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Dans le cas de la Côte dIvoire, la Cour Pénale Internationale se hâte de se signaler à lopinion comme laile judiciaire de lInternationale colonialiste, au risque de se pénaliser en se dégradant en Cour « occidentale » : elle qui fut dune discrétion remarquée et dun silence assourdissant pendant bien des génocides en Afrique, elle qui ne donna aucune suite aux requêtes de la Côte dIvoire sur les tueries de la Licorne, affûte déjà ses articles et ses « attendus » contre tous ceux qui auront osé penser que lAfrique a des droits, et que ses Conseils constitutionnels sont en devoir de dire le droit en toute souveraineté Le Nouvel Ordre Mondial de la Colonisation (NOMC) est résolument en marche. Et le Conseil de Sécurité se signale déjà comme sa branche armée, prompte à déployer des soldats pour mater la soif dindépendance des nationalistes africains <o:p></o:p>
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Tant dindices laissent penser quen ce début du XXIème siècle un gouvernement mondial se met discrètement en place. Comme dhabitude, lon aura choisi lAfrique comme terrain de son expérimentation ; et la Côte dIvoire donne un aperçu de la gestion et du fonctionnement de ce gouvernement mondial. Son mode de gestion est si éloquent quil ny a pas meilleure manière de dire à lAfrique quelle ny comptera pas pour grand-chose, ou pour si peu, quil lui faudra de puissants mégaphones pour se faire entendre. Sauf à choisir enfin de sassumer sur la base de ses règles endogènes, de sétudier sur la base de ses propres concepts, de sinstruire sur la base de ses propres canons et méthodes culturels pour se donner quelque chance de se reconquérir et de se réconcilier avec elle-même. Il est dune évidence lumineuse que cette mise en perspective de lAfrique ne sera daucune motivation pour les professionnels de la génuflexion, et quelle sera même âprement combattue par ceux des Africains qui auront été dressés au reptilisme existentiel.<o:p></o:p>
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Cest quau-delà dun nommé Gbagbo, lautre question de fond que la Côte dIvoire pose à lAfrique est la problématique même des élections comme processus daccès à la gestion publique. La démocratie est-elle nécessairement électorale ? Les peuples en général, les peuples dAfrique notamment, nauraient-ils que des élections pour se gérer en société ?<o:p></o:p>
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Les élections, seul outil daccession à la gestion de la vie publique et au pouvoir ?<o:p></o:p>
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La culture occidentale est fondamentalement, foncièrement et essentiellement conflictuelle. Certes Héraclite dEphèse a étudié en Afrique avant détablir le conflit, la lutte des contraires comme moteur du monde. LAfrique ne conçoit cependant pas le monde en termes daffrontement ; lAfrique culturelle profonde conçoit le monde en termes dintégration et de consensus. Contrairement aux contrevérités de certains touristes scientifiques qui se sont autoproclamés « africaniste », lanthropologie africaine a des choses bien plus porteuses à enseigner dans ce domaine.<o:p></o:p>
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La rage duniformisation du monde étonne de plus en plus chez ceux-là même qui prétendaient combattre la pensée unique ; elle est exacerbée par le slogan économico-mercantile de la mondialisation, dont les institutions de Bretton Woods, lOMC comme le FMI, constituent le bras usurier. Au nom de luniformisation du monde, il suffit désormais quun slogan soit diffusé et soutenu dans les medias « internationaux », entendez « occidentaux », pour quil devienne une vérité infaillible pour le reste du monde. Cest ainsi que les pays dAfrique, hier pays du « Tiers monde », ou « Pays sous-développés », ont été successivement et unilatéralement rebaptisés pays « en voie de développement », puis «Pays les Moins Avancés » (PMA), puis « Pays Pauvres Très Endettés » (PPTE) et, pour demain, « Pays Emergents ». LEurocentrisme na pas fini de coûter cher aux peuples dAfrique, tant au plan économique, moral que politique. Dans ce dernier cas, laccession à la gestion publique par les élections fait tellement problème en Afrique quau lieu de penser que ce sont les Africains qui sont inaptes à la démocratie électorale, il serait temps de se demander si lurne est bien le mode socioculturel le plus approprié pour laccession au pouvoir et pour sa gestion en Afrique.<o:p></o:p>
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Nous ne perdons pas de vue que si aujourdhui lOccident agite aussi ostensiblement le fanion des élections, il ny a pas si longtemps que ses « grandes nations » excluaient le vote de leur fonctionnement. Et quand lOccident a fini par céder au principe des élections, il a fallu de nouvelles luttes acharnées pour que toutes les populations soient admises à voter. Il ny a donc pas longtemps que certaines grandes nations occidentales ont concédé ce droit à la femme dont le statut dêtre humain na été toléré que fort récemment. Dans certaines « grandes démocraties » occidentales, la reconnaissance de la femme comme personne humaine a paru si révolutionnaire quelle a été gravée sur des stèles comme une invention exceptionnelle de lhumanité <o:p></o:p>
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Si donc la démocratie se définit comme pouvoir émanant dun peuple donné, et sil est entendu quen Afrique il existe des peuples et non de simples hordes de primates, le plus distrait des touristes pourrait avoir remarqué, sauf amnésie et cécité délibérées, que lAfrique a une longue expérience de la gestion publique et de laccès au pouvoir.<o:p></o:p>
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Une certaine propension au raccourci pousse une catégorie dAfricains à renoncer à comprendre, pour sêtre convaincus par facilité que les autres ont déjà tout dit, tout pensé, tout trouvé. Quand les autres auraient effectivement tout pensé et tout trouvé, ils lauraient fait pour eux, en fonction de leur vécu à eux et de leurs attentes à eux. Cest pour cela que même le sparadrap, grande trouvaille occidentale devant lEternel, nexiste pas encore en couleur cacao ou café, mais se produit exclusivement en couleur rose cochon De tels détails de notre simple quotidienneté dinfirmerie devraient inciter les Africains à réfléchir sur bien dautres produits que lOccident vante dans ses médias et quil nous propose, sous prétexte de modernité et douverture, comme une panacée à nos problèmes dAfricains.<o:p></o:p>
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Cest dans ce contexte que des questions bien plus graves pourraient surgir : dans quelle culture ou société africaine a-t-on jamais vu 51% dune famille humaine sarroger le droit de régenter 49% de la même famille sous prétexte que des bouts de papiers ont été jetés dans une boîte, individuellement, séparément et en cachette? Dans quelle société dAfrique a-t-on jamais vu une palabre se terminer hors consensus, quand le Patriarche chargé de vider un litige se fait un point dhonneur de ramener le plus radical des contradicteurs dans le cercle du consensus pour quà la fin, les uns et les autres partagent la cola en dégustant le vin de la réconciliation, de lentente et de la cohésion sociale retrouvée ?<o:p></o:p>
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Le tropisme et lextraversion pousseraient des décervelés à douter ! Pourtant, il va falloir, et bientôt, se résoudre à choisir : guérir du dressage et du mimétisme, ou renoncer définitivement à représenter une culture, un peuple, un continent et une histoire dont la richesse aussi piratée quenviée est souterrainement combattue par ceux-là mêmes qui la parasitent. Observons déjà comme la vertu du consensus est convoitée par les adeptes des pouvoirs électoraux « modernes », issus de la démocratie électorale de 51% contre 49%. Cest bien par intention, par soif et par impatience de consensus ou de réconciliation que tout « Président élu » se hâte de déclarer quil sera le Président « de tous les ». Quand bien même cette déclaration ne serait faite que du bout des lèvres, leffort de mensonge du nouveau président est déjà en lui-même révélateur dun fonds culturel quaucun Africain ne devrait se hâter dévacuer.<o:p></o:p>
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Les urnes nont pas une histoire si lointaine que cela en Occident. Et la généralisation des élections à loccidentale nest encore ni un certificat de démocratie, ni une garantie de paix sociale dans les « grandes démocraties » occidentales. Daucuns auraient bien voulu quil nen fût point ainsi, mais lAfrique profonde a des enseignements à donner au monde en matière de démocratie et de convivialité : « Le pouvoir y reposait sur un système de prise de décision collégial et consensuel. La méthode en était la palabre, et linstrument lassemblée de village. Au-dessus du village, à chaque niveau dorganisation géographique, district ou région et royaume ou empire, des assemblées de délégués fonctionnaient selon le même principe de consensus. Sil y a une tradition africaine de prise de décision collective, elle est bien celle de la palabre et du consensus. Elle prend du temps, mais elle sattache au respect de chacun et permet les décisions nécessaires à la survie du corps social». Le même auteur déplore « la méconnaissance profonde où se trouve lOccident des modes de fonctionnement de lAfrique ( ) Tout se passe en Afrique comme si lOccident colonisateur avait efficacement détruit une amorce de sociabilité locale que lon peut appeler démocratie consensuelle, et narrivait pas à faire prendre la greffe de son produit de remplacement, la démocratie conflictuelle ». (2001)<o:p></o:p>
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Non, il ne sagit pas encore de Cheikh Anta Diop Maître de puissante inspiration mais plus prosaïquement de Michel Rocard, quon ne peut soupçonner dAfrocentricité. Son titre, Pour une autre Afrique, dit à quel point les ravages de la colonisation sont réels et la lutte pour les rattraper indispensable, notamment face à des prédateurs occidentaux qui veulent bien les décrire ou les déplorer, mais dont le premier réflexe, une fois quils sont au pouvoir, nest pas nécessairement de promouvoir lindépendance et la dignité de lAfrique.<o:p></o:p>
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La raison de vivre sérige en raison de mourir<o:p></o:p>
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Au-delà dun nommé Gbagbo, prétendons-nous, lenjeu est lavènement dune Afrique autre. Ceux des enfants dAfrique qui sen rendent comptent et qui prennent la juste mesure des enjeux sauront que même proclamés perdants, ou à la limite assassinés, certains nationalistes patriotes seront demeurés des gagneurs. Au-delà des insuffisances, des incompréhensions ou des fautes de bibelots, la plupart auront activement uvré au-delà de leur personne, pour lindépendance de lAfrique et la dignité dune Afrique de peuples effectivement libres. Quand une cause est à ce point une raison de vivre, elle sérige en raison de mourir. Et la gloire des nations réside dans le sacrifice de ceux de leurs enfants qui savent mourir pour leur raison de vivre. Cest ainsi que sans lavoir recherché, certains patriotes entrent dans léternité de la mémoire de leur peuple.<o:p></o:p>
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LOccident en général et lEurope en particulier ont prouvé au monde quils savent se déchirer dans des querelles ethniques et des conflits ethno économiques. La Shoah en est lun des exemples les plus déshumanisants. Lunité de lEurope na donc pas fini de se chercher. Sans doute va-t-elle enfin se trouver grâce à lAfrique dont la même Europe occulte curieusement la saignée et lholocauste négrier. Cette Europe esclavagiste et déchirée par ailleurs va sans doute reconquérir son unité grâce à une Côte dIvoire quun certain Laurent Gbagbo sefforçait de réunifier. Il restera frappant que lEurope en quête de sa propre unité nait pas hésité à aggraver léclatement dune nation africaine pour défendre les intérêts dun pays dEurope. Et cest de cette Europe ethnique, fort violemment intéressée, que lAfrique devra recevoir des leçons déthique politique et humaniste ! Le malaise que lAfrique éprouve vient de ce que lEurope ne semble pas avoir, pour elle-même déjà, maîtrisé les leçons quelle veut bien dispenser ou, à loccasion, imposer au reste du monde : élection nest point synonyme de démocratie. Et en Afrique, la démocratie électorale ne saurait se satisfaire du décompte numérique des Commissions dites indépendantes qui ne garantissent aucune crédibilité à cause du voile de suspicion dont les contextes de leur création les couvrent.<o:p></o:p>
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Ne nous demandons plus où sont passées toutes ces nations indépendantes africaines qui ont célébré ou qui sapprêtent à célébrer leurs « indépendances ». LAfrique aveuglée par extraversion politique na pas perçu le calcul dune Europe aux voix discordantes par ailleurs, mais dont la Côte dIvoire accélère subitement lunanimité. La cause est sans doute entendue, mais lunanimisme occidental ne sera pas une leçon de démocratie pour lAfrique du XXIème siècle. Cet unanimisme suspect confirme que pour les intérêts de lun des leurs, lEurope a résolu de faire corps et chorus, détouffer toute velléité de liberté en Afrique, quitte à installer au pouvoir ceux-là même qui, la veille, ont mis à feu et à sang le pays quils simpatientent aujourdhui de gouverner. Ils seront sans doute au gouvernement ; mais quel gouvernail tiendront-ils ? La Côte dIvoire ne sexpose-t- elle pas au risque dêtre gérée par procuration, par un simple gouverneur colonial aux ordres de la Sainte Union de lEurope coloniale ?<o:p></o:p>
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Lunanimisme européen aura cependant atteint son objectif : entraver lunification dune nation en passe de panser ses blessures, et en faire un territoire ingouvernable. Cette manière qua lInternationale colonialiste de se croire indispensable à lAfrique crée de nombreux emplois pour lEurope ; mais lingouvernabilité de la Côte dIvoire ne profitera à aucun Africain. Il est possible quelle ne profite même pas à lOccident. Le Nouvel Ordre Mondial de la Colonisation linstaure activement par fébrile avertissement à tout autre dirigeant africain qui aurait des démangeaisons de liberté et des velléités de souveraineté. Des morts, lon en compte déjà. Mais quest-ce quun génocide de plus pour la machine coloniale ? Lhistoire de lEurope est dune richesse écarlate : lon y apprend que lEurope sait toujours comment multiplier les fosses communes pour se faire de lespace chez les autres. Mais pour avoir cautionné ce flagrant déni de souveraineté en Côte dIvoire, lONU a gagné en déshonneur et en dépréciation. Il devient de peu dintérêt que lONU y ait été poussée par une Europe manuvrière désireuse de recoller provisoirement ses propres morceaux. En ce XXIème siècle naissant, lAfrique en charcuterie aura néanmoins servi à unir lEurope dans une Internationale colonialiste sous protection de lONU <o:p></o:p>
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On narrête pas le progrès. Et le progrès que le XXIème siècle sapprête à enregistrer sobserve en Afrique, par la Côte dIvoire : la « Communauté internationale » aime désormais si profondément lAfrique quelle se mobilise sans calcul pour y imposer son mode de sélection des dirigeants, au nom de cette liberté, de cette démocratie et de cette humanité que, pendant de longs siècles, la même Communauté internationale a brutalement niées à lAfrique. Ce vaste renversement de programme est un peu tardif ; mais par cette prestidigitation, daucuns espèrent gommer des siècles de cet esclavage, de ces massacres et de ces spoliations dont lOccident refuse de parler par négationnisme et refus de toute repentance. A travers la Côte dIvoire, lOccident déclare à lAfrique un amour si subit, si débordant et si tyrannique quil ne veut surtout pas que de pauvres Africains se noient dans leurs barils de pétrole, sintoxiquent à luranium et saveuglent à léclat de leurs carats dor ou de diamants. La « Communauté internationale » veut tellement le bien de lAfrique quelle tient, pour ainsi dire coûte que vaille, à soulager le continent du poids écrasant de ses diverses dictatures : minières, forestières et politiques. Les principaux inspirateurs et acteurs de génocides africains tiennent tellement à libérer lAfrique de ces dictateurs quils en intronisent certains potentats dans le voisinage même de ceux quils conspuent ou liquident, et dont le crime est davoir tenté de redonner quelque respectabilité à la « négraille inattendument debout » (Césaire). Mais quand lAfrique naurait su produire que des dictateurs, il convient de retenir quà dictature égale, seule loption nationaliste et patriotique compterait désormais pour lAfrique. Et lAfrique qui aspire à compter a reçu le message : soit se résigner à servir de plantation et de réserve de matières premières aux propriétaires autoproclamés du monde, soit travailler à définir elle-même, pour elle-même, ce quil lui conviendrait de progrès.<o:p></o:p>
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Le progrès de lAfrique ne semble pas avoir la démocratie électorale pour levain ; au-delà des urnes, ce progrès se perçoit et se construit dans une convivialité consensuelle en adéquation avec les fondements anthropologiques de la culture africaine. LAfrique croisera son destin sans le rencontrer si, par paresse intellectuelle ou par démission politique, ses enfants souscrivent à cet unanimisme contre nature par lequel la « communauté occidentale » autoproclamée « internationale » par maquillage de ses préoccupations matérielles, manuvre pour que luniformisation du monde à son profit exclusif passe pour un noble souci dharmonisation profitable à tous.<o:p></o:p>
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Les dettes de liberté se paient en monnaie de vie. On sait quel prix Toussaint Louverture dut payer dans le Jura français pour avoir voulu libérer Saint Domingue devenue Haïti. Lencerclement fut total et asphyxiant pour la première république noire. Il fallait démontrer que les Nègres ne pouvaient pas, et ne pourraient jamais assumer un destin autre que lesclavage. Deux siècles après, le même schéma se reproduit, mais en terre africaine et de manière plus subtile, lInternationale colonialiste ayant excipé de la démocratie électorale pour perpétrer lembastillement dune autre république noire en quête dindépendance.<o:p></o:p>
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Lhistoire africaine est dune richesse pédagogique inépuisable. A chacun de nous den tirer ses propres leçons, pour lavenir des Peuples dAfrique qui se conjugue au présent, au-delà dun nommé Gbagbo.<o:p></o:p>
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Par Pr. Charly Gabriel Mbock, in La Nouvelle Expression (Cameroun), le 21 janvier 2011<o:p></o:p>
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Commentaires
1essay writersDimanche 12 Février 2012 à 22:06La question semblait banalement arithmétique ; elle a pris toute une dimension juridique et politique qui appelle dautres questionsRépondre
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